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Coup d’œil pour « Big Dreams » de Maddy Street

Coup d'oeil de Radio France pour "Big Dream" de Maddy Street
Maddy Street © Emma Birski

Être soi, what else ?

Né avec un nom de scène qui claque, l’artiste Maddy Street est habitué à se justifier sur son patronyme. C’est que Maddy est franco-britannique, inscrit à l’état civil français sous le nom de Madeleine Street, né il y a 25 ans de parents anglais expatriés installés dans un village normand où il grandit entouré de musique. La question d’identité se pose aussi autrement pour lui qui se vit loin des stéréotypes de genre, explorant la non-binarité, cet entre-deux de la dualité féminine et masculine pour lui qui, dans sa petite enfance, priait tous les soirs pour se réveiller garçon. Cela l’emmène à se présenter comme « chanteureuse », néologisme qui lui permet d’annoncer la couleur… Et comme Maddy ne souhaite pas choisir, ce sera donc un arc-en-ciel, et tant que le rejet institutionnel de l’écriture inclusive et des pronoms neutres impose le masculin comme référence de l’entre-genre, Maddy se masculinise donc par nécessité.

Pour servir la quête d’expression de sa sensibilité atypique, son père, guitariste amateur, lui offre à l’âge de 10 ans le livre « Apprendre à faire du Ukulélé quand on est débutant » avec l’instrument en question, pensant certainement que cette lubie d’enfant lui passerait. Maddy s’en empare, le maîtrise et continue son apprentissage par la guitare tout en commençant à écrire ses propres compositions qui lui permettent d’explorer autre autres son questionnement identitaire. Un exutoire qui favorisera aussi toute sa créativité dans une approche musicale autodidacte loin de la rigueur du solfège et des clivages musicaux, influencée à l’adolescence autant par l’écoute des classiques rock et blues de papa, des chansons funk et disco de maman que par le rap aux prods très jazzy de Brockhampton, Kendrick Lamar ou Little Simz.

A la fac de Paris où il étudie la littérature anglaise, il comprend que la musique est essentielle dans sa vie. Grâce à de petits jobs, il économise donc pour acquérir un micro Rode A1 afin d’enregistrer ses premières maquettes et une caméra Sony A7 pour ses premiers films. Après l’obtention de son diplôme et l’exercice du métier de professeur pendant deux ans, il lâche tout en 2021 pour s’impliquer uniquement dans sa passion qu’il enrichit d’intérêts pour la photo et la vidéo. Il fonde alors la société de production audiovisuelle Rainbow Rushes dont l’équipe est composée exclusivement de personnes issues de la communauté LGBT + qui lui permet d’œuvrer dans une « safe place » et aussi de porter, dans le secteur de la musique, une approche différente de certaines problématiques en réalisant notamment des clips pour des artistes de la communauté queer. Enfin, last but not least, il organise aussi bénévolement en région parisienne des événements nommés les Piou Pew, mélange d’expositions, de drag shows performatifs et de concerts d’artistes queers dont les fonds récoltés bénéficient à des associations soutenant la communauté LGBT +. Il apporte ainsi généreusement sa contribution à cette thématique dont il souhaiterait qu’elle n’en soit plus une pour pouvoir se consacrer entièrement et librement à sa créativité sans plus aucune justification sur son identité, son apparence ou son orientation sexuelle. En attendant, Maddy Street se prête de bonne grâce au jeu des explications, afin de poser les fondamentaux une bonne fois pour qu’au jour de son succès public, seule la qualité de sa musique soit l’objet de toute les attentions.

Non seulement il semble en prendre le chemin mais il commence même à conduire sur l’autoroute de la reconnaissance. Après son EP British Boy sortit en 2022, l’année suivante démarre en trombe : prix du public au Tremplin du prestigieux festival Beauregard à Caen, lauréat du dispositif d’accompagnement Go + encadré par Norma, structure normande de soutien à l’émergence musicale qui lui permet d’être repéré par Marjorie Rousseau, déléguée musicale nord-ouest des antennes de Radio France, Maddy Street est nommé également lauréat du Prix Pernod Ricard France Live Music. Son exposition médiatique s’accélère, ce dernier prix lui permettant de faire connaître ses sets à l’énergie communicative dans une dizaine de festivals d’importance comme l’Aluna, le Biches festival ou le So Good ainsi qu’au Trabendo, au MaMA festival et aux Bars en Trans et de bénéficier de nouvelles résidences artistiques qui lui étaient assurées jusque-là avec générosité par la SMAC Le Normandy (Saint Lô).

Entouré par une équipe dévouée à commencer par sa manageuse Margaux Nicoleau également directrice du Biches festival, Maddy Street intègre dès aujourd’hui la team de Furax avec Léna Guérard afin de continuer sa tournée live alors que ses singles, dont le prochain sortira début 2024, feront l’objet d’un EP ou album d’ici une bonne année. Ses compositions musicales pleines d’inventivité sont assurées par celui qui officie aussi comme son guitariste sur scène, Simon Santrot aka Saïsama, fondateur également du groupe Spoink programmé cette année sur la scène avant-garde du festival Rock en Scène, preuve s’il en est de l’originalité de ses productions.

Le tout premier single de cette nouvelle aventure, Big Dreams, sorti le 22 novembre dernier, a fait l’objet d’un clip écrit et réalisé par Maddy Street himself. Tourné dans la campagne normande, il met l’artiste en scène aux côtés de ses fans de la première heure, un couple de voisins écossais conviés à fêter au champagne la nouvelle gloire de ce jeune artiste qu’ils ont vu s’épanouir. Avec un second degré très british inspiré de l’univers absurde des Monthy Python, Maddy Street se filme avec les codes du star system inspirés largement du rap et du R&B. Ici, le tracteur se substitue au coupé sport, les moutons aux filles sensuelles et le cardigan en laine tricoté aux robes sexy, le faisant s’interroger sur les conséquences d’une starification en regard de sa réalité quotidienne "Want a cute chick in a cool car Make it electric don't need to go fast If she pricey then we won't last". Un morceau tout en contrastes, flow rapide coupé de césures, en anglais et français chanté d’une voix lascive et détachée autant que vindicative reprenant l’esthétique du clubbing autant que celle du punk-rap. Alors même que Maddy n’entre pas dans un jeu de séduction, son charme androgyne opère par sa voix toujours élégante. Les paroles exposent avec humour les paradoxes auxquels nombre de musiciens émergents sont confrontés : comment concilier ses rêves de réussite, d’insouciance festive, tout en restant fidèle à la nécessité de rester aligné à ses propres valeurs que sont l’amitié, l’authenticité, l’écologie au sein d’une vie saine "Ambitions too big yeh they fuck you up Friend circle too big don't know who to trust ?".  Comment payer ses factures sans avoir à vendre son âme au diable de l’industrie musicale et du show business "Faire de la pub pour H&M pour une maison secondaire Wear the latest Nike shoes et faire genre que j'en suis fière" et garder la tête froide quand on se sent poussé à investir dans un projet sans s’assurer d’investir en soi au préalable 1000 € en promo plus de quoi me payer le "psy Wanna become a rockstar so I better stay crazy Si je deviens comme mes idoles est ce que j'garderai mon éthique ?". 

Le parcours professionnel engagé de Maddy Street autant que sa contribution associative gracieuse auprès de ses pairs prouve que cette réconciliation intérieure est déjà opérée dans le cœur de ce jeune artiste qui sait allier l’individualisme de ses aspirations personnelles à la générosité envers le collectif. Go on Maddy, montre-nous que le succès peut faire le bonheur de tous quand il contribue à porter haut et fort la voix de ceux qui en manquent ! Le monde va savoir bientôt qu’il t’aime déjà et que pour cela, tu as juste à rester toi-même. C’est ce qui arrive quand on assume ses rêves avec un cœur grand comme ça ! 

▶️ Le clip Big Dreams, plein d’humour, met en scène ses rêves de gloire 🔽

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▶️ Retrouvez Maddy Street pour ses prochains concerts : 

  • Le 7 décembre à Paris (75), La Maroquinerie en 1ere partie de Samba de la Muerte ;
  • Le 9 décembre à Rennes (35), Festival Bars en Trans à la salle de la Cité ;
  • Le 16 mars 2024 à Verneuil (27), Le Silo en 1ere partie de Broken Back.

Radio France tout au long de l’année accompagne la vitalité de la scène et de la production française. Nous revendiquons notre rôle de soutien et notre capacité à inventer tous les jours de nouveaux dispositifs pour faire vivre cette belle exception culturelle française

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