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Coup d’œil pour « Louves » de Rouge

Coup d'œil de Radio France pour « Louves » de Rouge
Rouge © Sylvain Gripoix

Au-dedans, tout bouge !

Rouge comme les joues teintées d’émotions, rouge comme la pulsation du sang du métronome du cœur, rouge comme la passion qui couve telle la lave sous un volcan… « Le rouge, c’est un océan ». Cet aphorisme de Michel Pastoureau trône en en-tête de la biographie du trio Rouge et si la terre peut être bleue comme une orange alors oui, l’océan est rouge, partageant ses abysses avec l’amour, le désir, la honte ou la colère.  

À la tête de cette formation, la compositrice Madeleine Cazenave qui, enfant, choisit le piano qu’elle étudie dans un cursus classique au conservatoire de La Rochelle puis à Toulouse et Bordeaux où elle obtient son DEM de piano et de musique de chambre pour, plus tard, prendre des cours de jazz aux conservatoires de Bordeaux puis de Rennes. Tous les soirs, elle passe du temps sur son instrument, sans partition, dans un besoin d’improviser et de composer, explorant ce nouveau monde vaste et exaltant. Sa technique acquise dans l’interprétation d’œuvres classiques la contraint dans sa recherche de liberté qui l’oblige à intégrer la simplicité. Désormais, à partir d’un élément musical simple et dépouillé, elle le développe progressivement, toujours en quête d’extase.

Enrichie de la musique de Satie, de Ravel, Nina Simone, des Children’s Songs de Chick Corea, ou encore du Köln Concert de Keith Jarret, elle acquiert néanmoins un style personnel, comme en témoignent ses deux albums solo, Octobre et Matines, sortis en 2011 et en 2014. En parallèle, elle travaille avec deux compagnies de magie nouvelle, la Cie Monstres et la Cie 14:20 et fonde le groupe Azadi en 2017 avec Camille Saglio.

C’est à la fin de l’année 2018 que la pianiste Madeleine Cazenave fonde Rouge en compagnie du contrebassiste Sylvain Didou, membre de groupes (Derby Derby, Gouband-Didou-Florent, The Wøøøh, Oblik, Esperanto) mêlant improvisation, musiques populaires et traditionnelles à des formes contemporaines et du batteur Boris Louvet qui officie dans des projets polyvalents de jazz, de musiques improvisées (Olympe, Ricane) aussi bien que dans des projets de métal (Fange, TGTAG) et de musiques électroniques. Repéré et sélectionné par le dispositif Jazz Migration qui lui offre dès 2020 l’opportunité de tester in situ l’impact de ses compositions sur le public au fil d’une longue série de concerts, le jeune trio signe dans la foulée Derrière les Paupières, un premier disque à la musique atmosphérique et sensible en quête d’une simplicité empruntée autant à la tradition classique qu’au pop-folk contemporain.

Rouge se positionne alors dans le paysage aussi riche que diversifié du nouveau jazz hexagonal et, gagnant en maturité et en maîtrise collective, publie un second album le 2 février chez Label Bleu, Vermeilles. Ses titres sont emprunts à la nature, au temps, aux éléments et à l’univers minéral, végétal et animal, comme pour revenir à l’essentialité du monde. Doté d’arrangements raffinés teintés subtilement d’électronique, le trio y développe des compositions sensibles en perpétuelle évolution, paysages mouvants saisissant leurs plus infimes variations d’humeur.

Loué par notre déléguée musicale nord-ouest Marjorie Rousseau pour l’élégance de son écriture couplée à son intensité émotionnelle et ses inspirations musicales hybrides venant aussi bien du jazz que du classique et du post-rock, Vermeilles est plébiscité par Fip qui le distingue Album jazz de la semaine ainsi que par France Musique à travers les émissions Open Jazz d’Alex Dutihl et La Matinale de Jean-Baptiste Urbain qui invitent Madeleine Cazenave sur leurs plateaux respectifs.

Parmi les dix titres de cet album, le morceau Louves s’ouvre par une batterie vibrante appuyée par la contrebasse laissant la mélodie s’épanouir par le piano.

Depuis le 21 février 2024, Louves bénéficie d’un clip graphique réalisé par Clément et Louis Debailleul. Il souligne l’intensité de chaque note de musique par des tâches diffuses, aquarelles de couleurs entremêlées, traits de peinture agités, nerveux ou doux et apaisés, comme des métaphores affectives de Madeleine dont la silhouette dévoilée contient ces feux d’artifices multicolores aux allures de tempête sous un crâne. 

Surgit alors le souvenir du poème Correspondances d’Arthur Rimbaud, ode à la synesthésie, particularité neurologique qui associe ensemble des éléments distincts comme la couleur et la musique :

« Comme de longs échos qui de loin se confondent […], Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants. Doux comme des hautbois, verts comme des prairies, et d'autres corrompus, riches et triomphants ».

Si d’apparence, l’intense Madeleine Cazenave arbore le rouge par ses cheveux flamboyants et ses lèvres écarlates, le clip de Louves rappelle qu’elle porte aussi toutes les autres couleurs en elle, reflets de la complexité, la beauté et la richesse de son monde intérieur. 

▶️ Découvrez le clip graphique Louves réalisé par Clément et Louis Debailleul 🔽

■ Suivez Rouge sur Facebook et Instagram et retrouvez toutes les infos sur son site madeleinecazenave.com 

■ Rouge se produira en concert : 

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