Inde du Nord. Kushal Das. Surbahar
Raga Marwa
70:08 – Octobre 2004
prix conseillé : 15€
Kushal Das (1959, Calcutta) a commencé l’étude du sitar dès l’âge de cinq ans dans un environnement musical particulièrement favorable : son grand-père jouait de la vièle esraj, et son père et son oncle étaient des sitaristes réputés ayant respectivement étudié avec les maîtres Ravi Shankar (1920-2012) et Ali Akbar Khan (1922-2009) – les deux figures majeures de ces dernières décennies de l’importante école stylistique dite Maihar gharana.
Après un enseignement initial dispensé dans le cercle familial, Kushal Das se tourne vers le professeur Sanjoy Banerjee et vers Sri Ajoy Sinha Roy (un des plus anciens disciples du maître Allauddin Khan, fondateur de la Maihar gharana). Cependant, loin de se cantonner à la musique instrumentale, Kushal Das a particulièrement étudié l’art vocal (point majeur de l’élaboration de son style de jeu) et reçoit les enseignements des chanteurs Sri Manas Chakraborty et Sri Ramkrishna Basu – un disciple du célèbre chanteur Amir Khan (1912-1974).
Si Kushal Das s’est formé auprès de différents maîtres, cas autrefois rare, il explique ce parcours conscient par une réelle volonté d’éclectisme, afin d’exprimer une musique – une vision des raga – à la fois profondément ancrée dans la tradition et bien personnelle, que la critique indienne a rapidement su reconnaître à sa juste valeur.
Depuis son premier enregistrement pour la collection Ocora Radio France il y a 17 ans, Kushal Das a développé une belle maturité musicale qui lui a valu les principaux honneurs, la participation aux festivals indiens les plus importants ainsi qu’une activité de concertiste international : il est aujourd’hui considéré comme un représentant de premier ordre de la musique classique instrumentale de l’Inde du Nord, par son approche du raga et du tala – de la mélodie et du rythme.
Unanimement célébré pour sa maîtrise du sitar, Kushal Das l’est tout particulièrement auprès des aficionados (les rasika) pour son art du surbahar (instrument apparenté au sitar de la même façon que l’alto l’est au violon) : cet instrument aux longues résonances incite naturellement à une musique de l’intimité, plus intériorisée, idéalement adaptée aux alap subtilement développés (préludes non mesurés d’exposition et d’exploration modale).
Kushal Das évoque sa rencontre avec le surbahar comme un véritable coup de foudre : un ami disposant d’un vieil instrument, Kushal Das l’accorde, en joue quelques instants, est conquis. Il en saisit immédiatement tout le potentiel : on a précisé précédemment l’importance du chant dans sa formation et dans son jeu de sitar ; le surbahar permet d’aller plus loin : les résonances étant plus longues, les mind (jeu en legato) étant envisageables sur une octave, le timbre conservant une belle « épaisseur » des graves profonds aux aigus, la pensée musicale (littéralement le chant intérieur) n’est plus entravée par les contingences du sitar (sonorité somme toute assez « mince » ; mind limités à une quinte ou à une sixte mineure dans le meilleur des cas ; résonance limitée – d’où sans doute l’adjonction de cordes sympathiques à un stade de son évolution).
Quelques années plus tard en 2004, Kushal Das est de nouveau prêt à enregistrer pour Ocora Radio France, mais au surbahar cette fois-ci. Fait remarquable, instrument tombé autrefois en quasi déshérence malgré ses nombreuses qualités expressives, le surbahar connaît ces dernières années une forme de renouveau à laquelle Kushal Das n’est certainement pas étranger.
Enfin, n’oublions pas de signaler que Kushal Das est également un enseignant dévoué, qui entend respecter le devoir quasi sacré qui incombe aux musiciens ayant atteint le statut de maître : transmettre à leur tour leur savoir. Il représente ainsi une source d’excellence et d’inspiration pour ses disciples et élèves en Inde, mais aussi en Occident et à Paris même.
Subhankar Banerjee (1966) appartient aujourd’hui au cercle restreint des tablistes les plus recherchés par les maîtres de la musique classique de l’Inde du Nord. Initialement formé dans le style de tabla de Farrukhabad par Shri Swapan Shiva, il élargit rapidement sa palette rythmique et esthétique auprès d’autres maîtres.
Un des meilleurs tablistes à savoir allier puissance et retenue (sans nul doute grâce à l’étude du chant depuis son plus jeune âge), Subhankar Banerjee a accompagné les plus grands chanteurs et instrumentistes tels Ravi Shankar (sitar), Ajoy Chakraborty (chant), Amjad Ali Khan (sarod), Hariprasad Chaurasia (flûte bansuri), Shiv Kumar Sharma (santur), V.G.Jog (violon) etc., mais a également été distingué par le cinéaste Satyajit Ray (réalisateur en 1958 du film culte Jalsaghar, Le Salon de Musique).