République Démocratique du Congo. Musique Nyali
1 CD 1h16 – Parution le 14 septembre 2018
prix conseillé : 15€
Les Nyali vivent dans deux territoires séparés du nord-est de la République Démocratique du Congo. Le premier à Tshabi, non loin de la vallée de la Semliki, le second au bord de la forêt de l’Ituri, dans la région de Mongbwalu.
Ces deux groupes se sont séparés au cours d’une ancienne migration qui les a conduits dans l’Ituri à partir de l’Ouganda. Les Nyali sont apparentés aux Budu qui vivent autour de Wamba, plus à l’ouest dans la forêt. Les territoires Nyali et Budu sont séparés par ceux des pygmées Efe, des Lese et des Mamvu. Les Nyali vivent de l’agriculture et de la chasse, ils ont des relations assez étroites avec les pygmées Efe qui sont des chasseurs-cueilleurs.
Les musiques présentées sur ce disque sont celles d’un petit groupe bantou qui fait partie de l’univers culturel de l’Ituri.
Elles ont été enregistrées dans plusieurs villages autour de Mongbwalu. Les Nyali ont des rituels communs avec plusieurs peuples qui habitent la forêt de l’Ituri, comme les pygmées Efe, les Lese et les Mamvu. Les répertoires musicaux sont très diversifiés et comprennent aussi bien de la musique vocale qu’instrumentale. Le chant collectif occupe une place très importante dans leur vie musicale. Ce CD se veut le témoignage de traditions riches et variées d’une grande valeur trop longtemps ignorées.
La musique de ce peuple était encore très vivante avant les guerres et le saccage de l’est du Congo par les groupes armés de tous horizons qui ont commencé la fin du XXe siècle. Les Nyali des alentours de Mongbwalu habitent près des célèbres mines d’or de Kilomoto qui sont les plus importantes de la région. Cette situation les a particulièrement exposés à l’insécurité et aux pillages des ressources minières et forestières de cette partie du Congo.
Les musiques Nyali donnent à entendre des chants caractéristiques des peuples bantous où un chœur et un soliste alternent leurs parties.
Les polyphonies vocales et instrumentales partagées avec les pygmées Efe sont une des originalités de cette musique. Le contact avec les polyphonies des pygmées Efe donne des chants où plusieurs voix sont imbriquées avec des changements réguliers entre voix de poitrine et voix de tête. Le style vocal des Efe, aussi caractérisé par la présence de yodel, se rencontre dans des répertoires communs. La principale différence entre Efe et Nyali est que les Efe chantent le plus souvent sur des syllabes sans signification, alors que les chants Nyali ont un sens explicite. Les échelles musicales sont pentatoniques.
La musique instrumentale est assez riche et emploie de nombreux instruments : plusieurs types de tambours, des harpes, des likembe, des ensembles de sifflets, des trompes et des altérateurs de voix. Ces instruments peuvent être joués seuls ou en combinaison avec d’autres.
Les ensembles de sifflets appelés luma sont utilisés autour de la circoncision et de réjouissances, comme dans le reste de l’Ituri. Le jeu de cet ensemble de sifflets forme une polyphonie en hoquet où chaque instrument joue une seule hauteur de la mélodie sur un rythme spécifique. Les ensembles luma sont souvent composés d’une douzaine de musiciens. Dans ce cas, les notes de l’échelle de base sont réalisées sur plusieurs octaves. Ces ensembles de sifflets se rencontrent dans de nombreux endroits de l’Afrique sub-saharienne, entre l’Afrique du sud et le Cameroun. Dans la région de l’Ituri, la plupart des groupes pygmées en jouent, mais d’autres peuples aussi comme les Ndo.
Le répertoire nyali est fait de musiques de deuil, de guérison, de chants solos joués à la harpe ou au likembe et de musiques de fête. Les seuls répertoires pour lesquels des musiciens spécialisés sont requis sont ceux des musiques de guérison asili et des esprits babili. L’appartenance des Nyali à l’univers culturel de l’Ituri est évidente lorsqu’on écoute certaines musiques vocales dont la structure et la forme sont partagées avec les pygmées Efe. C’est aussi le cas pour les musiques rituelles du culte des ancêtres babili que les Nyali désignent comme la musique des esprits. Ce rituel se rencontre aussi chez les Efe, les Lese, les Mamvu et les Mvuba où il est appelé tore bapili. Ces musiques sont toujours jouées avec des altérateurs de voix.
Enfin, il existe de nombreuses musiques de divertissement collectives ou individuelles. Une grande partie de ces répertoires est jouée par les jeunes qui combinent harpes domu, likembe, tambours et altérateurs de voix selon les circonstances.
Enregistrements : République démocratique du Congo, 1984, Patrick Marguerite. Montage Amandine Grevoz. Direction artistique Didier Demolin.