Inde du Sud. Naiyândi Mêlam
Musique des cultes de possession
1 CD – Sortie le 5 novembre 2013
prix conseillé : 15€
Le naiyândi mêlam, un ensemble de sonneurs-batteurs, accompagnent de leurs hautbois et tambours les fêtes de la déesse, du dieu Murugan et des dieux-démons : exubérance de la musique, dynamisme des percussions, particulièrement la nuit, quand les scènes de possession se multiplient et les danses deviennent collectives.
Les musiciens de naiyândi mêlam appartiennent le plus souvent à une caste de bas statut : les kambâr – ou ôccar. Professionnels ou semi-professionnels, ils louent en priorité leurs services pour les fêtes de trois grandes catégories de temples : ceux des dieux-démons (Sudalai Mâ-dan, Talavây Mâdan etc.), ceux de la déesse (Mâriyamman, Muppidâriyamman etc.), et ceux du dieu Murugan. Ils accompagnent dans ce cadre les réjouissances qui se déroulent en marge du culte et les actions rituelles les plus saillantes : sacrifices sanglants et danses des possédés lors des fêtes des dieux-démons et de la déesse ; processions mortificatoires lors des fêtes consacrées à Murugan.
L’orchestre de naiyândi mêlam ne s’éveille qu’en amont des principales scènes rituelles, comme pour (é)mouvoir les participants, les faire danser, et insuffler aux possédés l’énergie suffisante pour poursuivre leur dialogue avec les fidèles qui, à travers eux, communiquent avec les dieux. Les musiciens donnent volontiers l’exemple : pas de danse, déhanchements, courts déplacements, frappes amples et incisives des percussionnistes, gestes vigoureux des hautboïstes faisant tournoyer dans toutes les directions le pavillon de leur instrument.
Fait étonnant, le répertoire de naiyândi mêlam comprend, outre des pièces spécifiques à sa tradition d’accompagnement des cultes de possession, quantité d’airs issus de chansons de ci-néma : investies d’une force nouvelle (forme, couleur et esthétique du naiyândi mêlam), ces mélodies, en toute légitimité, intègrent alors le répertoire rituel.