Turquie. Talip Özkan. L’Art du tanbûr
Parution le 27 mai 2016 [réédition de la réf. C560042, 1994].
prix conseillé : 13€
Les profondes résonances du luth tanbûr et le chant de Talip Özkan : une musique contemplative héritée des anciens maîtres (peşrev, semaı), ouverte sur les danses populaires tel le zeybek – fidélité à la tradition et chemins nouveaux du makam.
Talip Özkan (1939-2010), né dans la région de Denizli (sud-ouest de la Turquie), a été soliste, chef de chœur à la Radio-télévision turque, pédagogue et chercheur de terrain. Venu en France en 1976, il y a poursuivi ses recherches et sa tâche d’enseignant. Instrumentiste exceptionnel au saz, le luth à long manche des paysans et nomades de son pays, il en a assimilé chaque style régional dans un aller-retour permanent entre la terre et son propre génie de la mélodie. Talip Özkan a ainsi élevé cette musique régionale à la dignité d’un « classicisme ».
Cependant dans l’intimité, Talip Özkan joue le luth tanbûr, instrument par excellence de la tradition savante qui repose sur la théorie du makam (système fondé sur une échelle modale ascendante ou descendante, présentant des pôles d’attraction autour desquels évolue la mélodie). L’interprète intègre ce système en étudiant le répertoire de chaque makam, constituant ainsi peu à peu son style distinctif d’improvisation non-mesurée, le taksim.
Talip Özkan offre dans ce disque un aperçu de son style de taksim, fondé sur une écoute intense de la voix et sur l’imitation au tanbûr des ornementations propres au chant, qu’il soit classique ou régional. Quant à son répertoire, il intègre aux pièces proprement classiques des pièces issues du monde rural ou nomade, en montrant qu’il n’y a pas, a priori, de contradictions entre ces deux univers.
Le tanbûr compte 6 à 9 cordes et son long manche porte 48 ou 49 frettes déplaçables, jouées avec un plectre en écaille de tortues. On joue généralement sur la chanterelle et les autres cordes résonnent par sympathie, produisant un halo harmonique – d’où un équilibre parfait entre expressivité et intériorité. C’est cet équilibre que Talip Özkan entretient dans ses taksim : rechercher l’expressivité maximale, tenir une tension mélodique permanente, sans jamais perdre la lente et profonde respiration de l’instrument.
The deep sustain of the tanbûr lute and Talip Özkan’s singing: contemplative music of the old masters (peşrev, semaı) and popular dance like the zeybek –attachment to the tradition and new paths of the makam.