Six ans après Little Tulip, les auteurs poursuivent leur exploration du choc des cultures et des univers : entre est et ouest, entre réalisme et conte de fée, et nous plonge dans la ville de New-York.
Sans avoir pensé à faire une suite, deux thématiques relient plus précisément Little Tulip et New York Cannibals : d’une part, l’héritage traumatique du goulag où la résilience de Pavel et de sa famille sont mises à l’épreuve par la sauvagerie et la violence qui n’ont cessé d’accompagner les autres survivants ; d’autre part, la puissance symbolique du dessin : les tatouages de Pavel transforment les corps mais aussi les âmes de leur porteur. C’est à présent la ville, tatouée de tags, qui est imprégnée de cette magie et semble parcourue d’une vie organique. Quand les puissances du mal veulent soumettre l’art de Pavel à la religion de l’argent (presque littéralement, en lui faisant dessiner des billets), elles commettent le sacrilège qui précipitera leur chute….
Ensemble, François Boucq et Jerome Charyn explorent les bas-fonds de la Grosse Pomme, au fil d’une histoire aux confins de Freaks, Sin City et Bourdieu. Cette enquête, menée par une femme à laquelle un petit miracle rend sa féminité, nous entraîne dans les viscères de la ville pour mieux nous raconter la vampirisation des pauvres par les riches.
Fresque fantasque qui ressuscite le passé d’une ville sulfureuse où se joue une tragédie aux accents très modernes, il s’agit peut-être de la plus belle collaboration à ce jour entre les deux auteurs.
En ouvrant les portes du dessin réaliste, François Boucq s’impose dans le monde de la bande dessinée grâce à son style unique entre caricature et rigueur, lisibilité et précision du dessin, faisant vivre tous les genres de récit avec le même brio. Jerome Charyn, romancier américain originaire du Bronx, nous offre une œuvre à l’écriture unique, prolifique, impressionnante et récompensée par de nombreux prix. Il nous emmène dans une ville qui fourmille de mystères, de coins secrets et de quartiers sombres…
