Qui était Gabriel Chahine ? Un homme aux multiples facettes : trouble, intrigant, et surtout insaisissable. Enquêtant sur cette première victime du groupe Action Directe, Philippe Collin & Sébastien Goethals proposent un récit en nuances de la France des années de plomb, entre 1974 et 1984. En se mettant en scène, ce qui est inédit pour le duo, ils interrogent témoins et acteurs, et nous plongent dans ce temps de tensions politiques majeures qui résonnent si fortement aujourd’hui.
Été 1974. Valéry Giscard d’Estaing vient d’être élu à l’Elysée. L’Hexagone est au tournant de profonds changements politiques, culturels et sociaux. À Toulouse, Gabriel Chahine, artiste Libanais d’origine, se présente comme proche des mouvements d’extrême gauche. Il est beau, élégant, charismatique. Il rencontre Jean-Marc Rouillan, futur cofondateur d’Action Directe ; leur destin seront liés à jamais. Car Chahine, en quête permanente de reconnaissance, s’est mis au service des RG pour piéger ses camarades. En proposant de voler le tableau de Jérôme Bosh L’Escamoteur, il leur tend un piège dont personne, pas même lui, ne sortira indemne.
On est tous dépositaires d’une histoire. Philippe Collin en est convaincu et accompagne ici Sébastien Goethals pour raconter la sienne. Car Goethals a grandi dans un milieu marginal, en Avignon. Ses parents étaient anti-militaristes, anti- nucléaires, anarchistes, libertaires, joyeux. Chez eux, il y avait toujours beaucoup de passages. Dont ceux de Primevère, proche de la famille, qui sera incarcérée en 1984 pour avoir accueilli chez elle deux membres d’Action Directe. Pour Goethals, 14 ans à l’époque, cette arrestation crée un choc et marque la fin de l’innocence. Dans cette fiction documentaire, basée sur des faits avérés et de nombreux témoignages, les auteurs livrent leurs vérités. Ce qui les intéresse, c’est comprendre l’histoire de cet homme qui a voulu vivre « une vie plus grande que la sienne. »
Un cahier contextuel complet, signé par le spécialiste de l’histoire politique du XX e siècle Fabien Archambault, complète l’ouvrage.