Lucile Dollat, orgue (Gerhard Grenzing 2015 / Auditorium Radio France)
François Vallet, percussions
Maurice Ravel Alborada del Gracioso (transcription Lionel Rogg)
Thomas Lacôte La Nuit sera calme (pour orgue et percussions)
Fabien Waksman Night Windows (Three paintings for organ after Richard Pousette-Dart)
Jehan Alain Aria et Litanies
Lucile Dollat Songes (Improvisations)
enregistré en septembre 2023 à l’Auditorium de Radio France
Nights Windows, le titre de l’œuvre de Fabien Waksman, sert de thème général au récital de Lucile Dollat, déployant les multiples possibilités sonores du grand orgue Grenzig de l’auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique. Cette « fenêtre ouverte sur la nuit » nous invite à un itinéraire imprévisible, à l’écoute de sonorités mystérieuses, impalpables ou tonitruantes, suscitant des évocations fugitives et poétiques, des fulgurances improvisées, et conférant une parure sonore renouvelée à quelques pièces du répertoire.
L’Alborada del Gracioso, initialement conçu pour le piano (c’est la quatrième pièce du recueil Miroirs, composé en 1904-05), a été orchestré ultérieurement par Ravel, lui conférant une palette de couleurs plus larges. La transcription pour orgue de Lionel Rogg concilie en quelque sorte les deux versions : l’écriture propre au clavier, à base de notes répétées trépidantes, d’arpègements secs, de glissandos scintillants, se répartit sur différents plans sonores et acquiert une profondeur nouvelle.
Dans La nuit sera calme (2019) qui emprunte son titre à Romain Gary, Thomas Lacôte se livre à une véritable alchimie sonore, cherchant à fondre d’une manière progressive et imperceptible les sons « nappés » des instruments de percussion avec les notes tenues de l’orgue, créant « des trames où ils se confondent, se masquent, transparaissent l’un de l’autre, échangent leurs résonances et se transforment mutuellement ».
Night Windows de Fabien Waksman, ce sont trois pièces inspirées par des tableaux du peintre américain Richard Warren Pousette-Dart (1916-1992), créateur d’une œuvre où l’abstraction est spiritualité, où la matière picturale fait naitre une vibration lumineuse à partir d’innombrables points de couleurs.
…« L’orgue, de par la richesse et la variété de ses sonorités, m’a semblé être l’instrument idéal pour matérialiser en musique les sensations que provoquent chez moi l’expérience artistique et quasi mystique de Pousette-Dart. »…
L’Aria de Jehan Alain, composée en novembre 1938, est la dernière œuvre pour orgue seul laissée par ce compositeur d’une personnalité originale et attachante, doué d’une vie intérieure profonde, qui est mort héroïquement pour la France en défendant Saumur, le 7 juin 1940.
Litanies, l’œuvre pour orgue la plus célèbre de Jehan Alain, composée en 1937, recèle sans doute un drame personnel que le compositeur exprime en musique avec une absolue sincérité. La puissance expressionniste de la musique est ici une défense ardente dressée contre le désespoir.
Dans la même collection :
- Rivages - Karol Mossakowski
- Bach/Escaich I Convergences - Thomas Ospital
- L’Art de la transcription - Vincent Genvrin