France Culture et la Comédie-Française ont entrepris une grande aventure littéraire et artistique : l’enregistrement en public ou en studio de l’intégrale des pièces de Racine, c’est-à-dire onze tragédies et une comédie.
Après « Phèdre », « Bérénice » et « Esther », présentées en public au Studio 104, France Culture et la Comédie-Française poursuivent le cycle Racine avec « Iphigénie »", œuvre en cinq actes et en vers de 1674 où la musique et le texte, la tragédie et l’opéra se rencontrent.
Sur les rivages d’Aulis, les Grecs se préparent à attaquer Troie. Mais les dieux retiennent les vents et les navires. Agamemnon, le chef des Grecs, est contraint de consulter l’oracle Calchas. Celui-ci lui ordonne de sacrifier sa fille Iphigénie afin d’apaiser la déesse Artémis.
Cette pièce fut représentée pour la première fois à Versailles le 18 août 1674.
Dans le cadre du cycle Racine avec la troupe de la Comédie-Française.
Samedi 7 mars à 20h au Studio 104 de la Maison de la Radio
NOTES D’INTENTION
"Si le théâtre de Racine est, pour reprendre les mots de Barthes, un théâtre de la violence, Iphigénie apparaît immédiatement comme l'une de ses œuvres les plus emblématiques.
Une pièce saisissante, qui, de plein fouet, frappe le lecteur par la violence qui la traverse comme un fer brûlant. Des personnages hors d’eux même, plongés dans la rage et le désespoir par l'horreur du sacrifice exigé par les Dieux.
Cette violence est omniprésente dans le texte.
Violence verbale tout d'abord. Jamais je pense la sauvagerie des mots n'a atteint dans l'œuvre de Racine une telle incandescence. Mots terribles, dévastateurs, où l'injure, l'anathème, la fureur et la douleur annihilent toutes convenances. Perte de soi, perte de sa propre conscience, du sens de la hiérarchie. Perte des repères sociaux, moraux, amoureux, balayés par l'urgence frénétique du désespoir.
Violence morale également, par laquelle les amis, les époux, les amants veulent imposer leur volonté et leur autorité. Volonté de "tuer" l'autre, de le détruire psychologiquement, pour être seul dépositaire du droit et de la vérité !
Violence physique enfin, par l'évocation monstrueuse du sacrifice d'Iphigénie, de la folie vengeresse et suicidaire d'Eryphile, de la fureur guerrière d'Achille et de ses armes, et par la contrainte inconcevable que ce dernier ose commettre sur son amante.
Thierry Hancisse,
conseiller artistique et sociétaire de la Comédie-Française
« Iphigénie commence dans le silence et la pesanteur de l’aube immobile, progresse dans un crescendo de bruit et de fureur pour culminer dans le fracas du tonnerre, le souffle des vents et la mer qui se déchaine, réconciliant enfin les hommes avec les éléments.
C’est dans ce mouvement que nous mêlerons les voix et les musiques, sans artifices, au plus près du verbe et de l’émotion. »
Christophe Hocké,
Réalisation
Iphigénie de Jean Racine
Une coproduction France Culture - Comédie-Française
Avec la troupe de la Comédie-Française
Thierry Hancisse : conseiller artistique
Christophe Hocké : réalisation
Direction musicale : Miguel Henry au théorbe, accompagné d’Andreas Linos et Thomas de Pierrefeu à la viole de gambe
Avec Catherine Salviat : Doris
Martine Chevallier : Clytemnestre
Thierry Hancisse : Agamemnon
Alain Lenglet : Arcas
Coraly Zahonero: Eriphile
Christian Gonon : Ulysse
Pierre Louis-Calixte : Eurybate
Suliane Brahim : Iphigénie
Clément Bresson : Achille
Et la comédienne de l’académie de la Comédie-Française, Camille Seitz : Aegine
Crédits photo : Mlle Volnais, rôle d'Iphigénie (Iphigénie en Aulide) / Favart (dessinateur), Chaponnier (graveur), [1873], gravure en coul. Coll. Comédie-Française