Pour les trois divas, le prénom suffit. Ella, Billie, Sarah, un privilège rare dans le jazz : Miles ou Chet autrefois, Brad ou Wynton aujourd’hui. Surtout pas un surnom. Celles-là n’ont rien à voir avec la trivialité. Sans aspérités apparentes, la carrière d’Ella Fitzgerald n’a pourtant pas été un long fleuve tranquille. Il lui a fallu conquérir sa position dans un monde d’hommes en n’ayant recours qu’à son timbre naturel et une articulation qui reste encore aujourd’hui un modèle pour quiconque s’aventure sur la voie des standards.
Billie Holiday, c’est l’antithèse. Un destin d’écorchée de la vie. Une déesse de tragédie antique, côtoyant les sommets de l’Olympe avant de sombrer aux enfers. Elle chante sa vie, ses rides, ses blessures et nous prend à la gorge car c’est du plus intime des chacune et de chacun de nous qu’il est question.
Avec Sarah Vaughan, l’on aborde l’une des leçons les plus fondamentales du jazz : celle qui incite les grands instrumentistes à vocaliser leur saxophone ou leur trompette, et les plus attachants vocalistes à être d’abord influencés par les grands improvisateurs.
Au pays du jazz, si les titres de Duke ou de Count étaient déjà attribués quand il a fait son apparition, celui de « King» ne pouvait échapper à Nat Cole. D’abord en tant que pianiste, qui fit la jonction entre les classiques d’avant-guerre et les modernes du bebop, puis comme chanteur désarmant de naturel et d’évidence. L’insondable douceur du charme : deux mains de fer au service d’une voix de velours.
Réalisation : Pierre Willer