Trois pièces composent cet enregistrement, le Poème du compositeur d’origine parisienne Ernest Chausson, le Concerto pour violon n°1 de Sergei Prokofiev, créé à Paris en 1923, et le premier enregistrement mondial de la dernière partition du compositeur finlandais Einojuhani Rautavaara, Deux sérénades, donné en création à Radio France en 2019 et dont Mikko Franck est le commanditaire et Hilary Hahn la dédicataire.
« Ces pièces réunies représentent une histoire vivante de la culture artistique. Tout dans cet enregistrement est un travail d’amour, pour l’amour de la musique et pour l’amour de l’expression. »
« Paris, dit Hilary Hahn, c’est une question d’expression, d’émotion, c’est le sentiment d’être connecté à une ville et à un carrefour culturel, d’une manière qui soit inspirante pour l’interprète et l’auditeur. Il y a des fils parisiens tout au long de la pièce. Mais c’est aussi une grande référence à l’arc de ma carrière. Je joue à Paris depuis mon adolescence. Presque chaque fois que j’y ai joué avec un orchestre, c’était avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France. »
Einojuhani Rautavaara, Deux Sérénades
L’idée initiale d’enregistrer « Paris » est née lorsqu’Hilary Hahn était en résidence à l’Orchestre Philharmonique de Radio France pendant la saison 2018-2019. Lors d’une de ses précédentes collaborations avec l’orchestre, et plus particulièrement après une interprétation du Concerto pour violon de Rautavaara avec Mikko Franck en 2014, elle a demandé au chef d’orchestre si son ami et compatriote pourrait envisager d’en écrire un deuxième. Franck et Rautavaara discutent alors de l’idée d’un ensemble de sérénades, mais il semble que sa réalisation soit empêchée par la mauvaise santé du compositeur. Sa mort en juillet 2016, à l’âge de 87 ans, semble mettre un terme au projet. Franck est cependant bouleversé lorsque la veuve de Rautavaara lui montre le manuscrit presque achevé d’une merveilleuse composition élégiaque pour violon et orchestre. « Mikko s’est immédiatement rendu compte que c’était notre pièce », se souvient Hilary Hahn. L’Orchestre Philharmonique de Radio France a commandé au compositeur finlandais Kalevi Aho, qui avait étudié avec Rautavaara, d’achever l’orchestration. « Notre enregistrement est issu de la première représentation mondiale donnée en février 2019. Elle a clos le catalogue de Rautavaara à l’occasion d’un concert historique émouvant et poignant. Après la note finale, Mikko a élevé la partition vers les cieux, figurant ainsi la présence spirituelle du compositeur. » En choisissant les œuvres qui accompagnent Deux Sérénades de Rautavaara sur cet album, la violoniste a opté pour deux pièces ancrées dans l’histoire de la musique à Paris.
Ernest Chausson, Poème
Hilary Hahn décrit le Poème de Chausson comme une « œuvre par excellence expressive », pleine de contrastes profonds. « D’une certaine manière, je le considère comme un présage, comme le requiem personnel de Chausson, observe-t-elle. Mais c’est aussi la célébration d’une grande joie. Elle peint les plus petites nuances et les plus grands gestes. »
Sergei Prokofiev, Concerto pour violon
Prokofiev a commencé à travailler sur son Premier Concerto pour violon au début de la Première Guerre mondiale. Il revient à la partition en 1917, peu avant la Révolution d’octobre en Russie, et l’achève avant de quitter sa patrie pour s’exiler à New York, puis à Paris. L’œuvre est restée inachevée jusqu’en octobre 1923, date à laquelle elle a été créée tardivement à l’Opéra de Paris. « C’est un concerto qui brise les règles, note Hahn. C’est l’une des œuvres que je préfère jouer. Parfois, j’ai l’impression d’être sur une piste de course ; à d’autres moments, j’ai l’impression de flotter dans l’éther. C’est mercuriel, ça change constamment, donc ça vous tient en haleine en tant qu’auditeur et interprète. »
Une collaboration artistique
Outre le fait de refléter l’attachement de longue date d’Hilary Hahn à la capitale française, « Paris » incarne l’esprit unique de collaboration artistique qu’elle a développé avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France et Mikko Franck. Comme elle le dit - et comme on peut l’entendre ici - lorsqu’ils font de la musique ensemble, « les notes coulent comme des mots dans une conversation, les timbres existent de manière cohérente et l’émotion est acceptée plutôt qu’exagérée ».