Filmer une performance
Ce concert donnera lieu à une captation audiovisuelle réalisée par Eric Pinoit coproduit par Radio France et Les films de la butte. Eric Pinoit a découvert cette œuvre en 2013 à travers l’enregistrement du pianiste R. Andrew Lee. En 2017, il commençait l’écriture d’un film documentaire sur la redécouverte de cette œuvre en évoquant la vie de son compositeur et la naissance de la musique minimaliste. Ce film qu’Eric Pinoit s’apprête à réaliser s’intitule November, le mystère de toutes les rivières inconnues. Il verra le jour en 2023. La réalisation de la captation de November in Paris – Un court moment d’éternité s’inscrit dans ce projet.
Cette musique n’est pas écrite de manière conventionnelle. L’interprète ne joue pas une partition mais doit se saisir d’un ensemble de motifs musicaux pour façonner l’œuvre en temps réel, tracer dans l’instant un chemin possible selon un processus d’improvisation. Bien que la pièce ne requière aucune virtuosité pianistique, elle exige de l’interprète une très grande discipline et un sens aigu de la construction. Chaque interprétation de November est donc unique. Eric Pinoit veut approcher et concevoir la réalisation de cette captation en partant du point de vue qu’il s’agit moins de filmer un concert que de filmer une performance, un événement. Parce qu’il s’agit ici d’une expérience vécue collectivement durant une longue durée, la captation doit rendre compte de ce qu’il se passe sur scène et dans la salle. Comme l’explique R. Andrew Lee, « s’il est important que le public soit présent au début de l’œuvre pour en comprendre la structure évolutive et entendre les motifs les plus importants, on peut ensuite encourager le public à aller et venir ou bien à circuler dans l’espace. »
Entrer dans le son. Le défi numérique du traitement sonore de cette captation
La prise de son et sa diffusion sont des enjeux majeurs pour cette captation. La collaboration avec les ingénieurs de Radio France permet de mettre au point une technique de son immersive qui puisse restituer aux spectateurs-auditeurs toute la dimension et la richesse sonore de l’œuvre de Dennis Johnson.
Les ingénieurs du son de Radio France proposent les moyens de prise de son et de mixage capables d’approcher des différents états proches de la transe artistique traversés par le pianiste. La captation sonore accompagnera cette transe en la soutenant par le « son » inventé lors de l’enregistrement. De plus, un travail de spatialisation de la captation sera envisagé afin qu’une seule note puisse se révéler enveloppante lors d’une écoute binaurale ou en salle.
Grâce à la direction du numérique de Radio France, les moyens technologiques envisageables et pertinents ont été pensés pour que cette spatialisation et cet enregistrement emportent le spectateur vers un état de symbiose avec l’état traversé par l’interprète.
Diffusion sur France Musique en audio et vidéo au printemps 2023