Napoléon par Abel Gance : une reconstruction colossale par la Cinémathèque française
La Cinémathèque française a mené depuis 2008, avec le soutien indéfectible du CNC, cette reconstruction au long cours du film Napoléon vu par Abel Gance.
Ce projet pharaonique de près de 4,5 millions d’euros, probablement la reconstruction la plus ambitieuse de l’histoire du cinéma, a été rendu possible grâce à des financements publics et privés. Des mécènes majeurs ont apporté un soutien initial considérable comme Netflix, puis l’ex producteur, aujourd’hui conseiller, Michel Merkt et enfin la Golden Globe Foundation, tous Grands Mécènes.
Le Centre national de la musique a financé la retranscription par un copiste et l’impression de la partition musicale originale.
La Fondation Napoléon, outre son soutien financier et sa caution historique, a mobilisé son réseau.
TransPerfect Media, l’un des plus grands fournisseurs de services linguistiques et de solutions technologiques, a assuré la traduction des cartons du film en 6 langues, permettant ainsi de rendre accessible cette œuvre majeure au monde entier.
La productrice Michèle Ray-Gavras et Madame Aline Foriel-Destezet, grande mécène du monde musical, ont également souhaité apporter leur soutien, à titre privé, au Napoléon.
La Fondation des Amis du Festival de Cannes, à titre exceptionnel, a tenu à rejoindre le projet.
Enfin, le Champagne Brimoncourt, cultivant audace et tradition, témoigne du lien fort que l’Empereur entretenait avec l’élixir pétillant qu’il a pour la première fois « sabré », élixir du bonheur évoqué dans le film par la séquence du « Bal des Victimes » donnés par Joséphine de Beauharnais, Madame Récamier et Madame Tallien, où le tout Paris célébrait le retour à la vie, après les années de Terreur, en s’enivrant…de Champagne !
Napoléon vu par Abel Gance n’a plus jamais été présenté au public, dans sa version d’origine, dite "Grande Version", depuis 1927 !
De nombreuses innovations techniques et esthétiques comme les caméras montées sur des chevaux ou la fameuse fin en triptyque (polyvision), sur trois écrans en simultané, préfigurant les actuelles salles immersives, font de Napoléon vu par Abel Gance un film révolutionnaire et avant-gardiste. Avec son casting grandiose, ses milliers de figurants, le film bouleverse le public et la critique lors de sa première projection à l’Opéra de Paris le 7 avril 1927, en présence du Président de la République Gaston Doumergue et des Maréchaux Foch et Joffre. Il commence alors sa carrière en France et dans le monde.
Malgré cet accueil triomphal, le succès ne dure pas, en grande partie en raison de l’essor du cinéma parlant. Oubliées pendant des années, les bobines de cette œuvre unique et foisonnante ont été dispersées à travers le globe, certaines perdues ou détruites. Le film a fait l’objet de nombreux remontages et mutilations au fil du temps : à ce jour, plus de 22 versions différentes recensées.
L’épopée de Napoléon, de sa réalisation, de son exploitation, de sa sauvegarde, de ses restaurations et de sa reconstruction est une des plus complexes de l’histoire du cinéma transformant cette œuvre en véritable « légende ».
Différentes sources ont permis de reconstruire le film. Des bobines ont été retrouvées à la Cinémathèque française, au CNC, à la Cinémathèque de Toulouse, à la Cinémathèque de Corse, mais aussi au Danemark, en Serbie, en Italie, au Luxembourg, à New York... Les notes de montage d’Abel Gance et les échanges avec sa monteuse, retrouvés à la Bibliothèque nationale de France, véritables « Pierre de Rosette » du projet, ont permis de remonter le film dans sa « Grande Version ».
La recherche et l'expertise mondiale des éléments, la reconstruction et la restauration du Napoléon ont été réalisés sous la direction du réalisateur et chercheur Georges Mourier pour la Cinémathèque française et ses équipes. Plus de 100 kilomètres de pellicules ont été expertisés. Près d'un demi million d'images ont été finalement retenues et traitées une à une selon un mode opératoire spécialement mis au point pour le « cas Napoléon ». Pour conserver « l’âme et la matière du film », la restauration a donc fait appel à des procédés chimiques et numériques spécifiques, ainsi qu’à des scans de très haute définition réalisés grâce à un appareil unique au monde, le Nitroscan du laboratoire ÉCLAIR Classics.